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Wimbledon 2015: bilan après une semaine de mise au vert.

  • Bruno Rassenfosse
  • 5 juil. 2015
  • 5 min de lecture

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Tradition. Voici certainement le premier mot qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque Wimbledon. Tout d’abord la tradition du repos dominical -pour les joueurs mais surtout pour le gazon- qui me permet aujourd’hui de vous conter mes humeurs après une première semaine plutôt intense. La tradition qui veut que tous les joueurs jouent en blanc et qui a, on l’espère, définitivement mis fin à l’éphémère carrière du short parisien de Stan. Celle enfin qui fait de l’All England Club l’endroit le plus mythique du jeu. C’est ici, en Angleterre, que le tennis est né et c’est certainement ici qu’il écrit encore aujourd’hui les plus belles pages de son histoire.

Le gazon, même si maudit pour certains, qui viennent à Londres à reculons (demandez à Benoît Paire ce qu’il en pense…), reste pour beaucoup une parenthèse enchantée dans la saison. Il permet à bon nombre de joueurs à la main verte d’exprimer leur jeu sous une forme cristalline, sans fioriture. Il autorise d’autres joueurs, une fois par an, à venir remplir le tiroir-caisse, désespérément vide après la saison sur terre battue. Pas sûr en effet qu’un Ivo Karlovic puisse assurer une vie de tennisman professionnel sans effectuer chaque année une fructueuse récolte dans son potager préféré…

Venons-en à ces six premiers jours du tournoi, qui nous ont déjà offert quelques émotions assez uniques. Commençons par un hommage à Lleyton ‘Balboa’ Hewitt qui a définitivement tiré sa révérence à Wimbledon, non sans avoir livré un dernier combat à l’image de son incroyable carrière. Le vainqueur de 2002 est tombé au premier tour sous les balles d’un autre vétéran, le finlandais Nieminen. Défait 10-8 dans le cinquième set, il aura malheureusement manqué une sortie en grandes pompes sur le central contre Djokovic au deuxième tour. L’ancien numéro un mondial ne restera pas forcément dans les mémoires pour la qualité intrinsèque de son jeu mais bien comme un modèle ultime de combativité et de pugnacité dont beaucoup de jeunes joueurs devraient s’inspirer. Hats mate!

Mais qu’il se rassure, comme déjà souvent évoqué sur ce blog, la relève australienne est belle et bien là. Ils étaient encore trois en seizième de finale : Tomic, Groth et Kyrgios. Je ne vous cache pas que ce dernier, seul rescapé des antipodes en deuxième semaine, est mon véritable coup de cœur depuis un an et ce mois de juillet 2014 durant lequel il s’était révélé en atteignant les ¼ de finale à Londres après une victoire sur Nadal à la surprise générale. Il a ensuite confirmé sur ses terres en début d’année (1/4 de finale à l’Open d’Australie), prouvant par la même occasion que son jeu hyper spectaculaire pouvait s’épanouir sur d’autres surfaces que l’herbe. Ajoutez à cela une attitude de rock star, un aura incroyable et une faculté à sortir ses plus grands matches sur les grands courts, vous comprendrez pourquoi il crève littéralement l’écran à chacune de ses sorties. Il a passé son premier gros test avec succès au troisième tour, dominant son bourreau de l’année dernière, Milos Raonic, en quatre sets. Bon, disons-le franchement, même si le bougre n’a peur de personne, au vu du parcours du combattant qui l’attend désormais, pas certain qu’un pari d’avant tournoi le choisissant comme vainqueur à 91 contre 1 (euh…c’est qui le mec bourré qui édite les cotes ?!?) me permette également de me refaire une santé financière à Wimbledon. Jugez plutôt son tableau : Gasquet en feu en 1/8ème, Wawrinka en ébullition en ¼, Djokovic en éruption en ½ et Murray ou Federer en transe en finale…Mais question good vibrations, ça devrait le faire.

En parlant de coup de cœur, comment ne pas évoquer le cas de Dustin ‘Rasta’ Brown, coupable du braquage du siècle. Battre Rafa Nadal en faisant 100% de services-volées sur première et deuxième balle, ça s’appelle tout simplement un miracle. Le majorquin a été complètement étouffé par le jeu hyper offensif et instinctif du germano-jamaïcain. Des volées amorties sorties de nulle part, des coups de pattes hallucinants, du grand art. Je me rappelle d’ailleurs difficilement du dernier pur serveur-volleyeur à avoir gagné, avant lui, un match sur le central de Wimbledon. Mais le plus dur pour Brown était de confirmer au tour suivant, et comme très souvent dans ces cas-là, les lendemains post-exploits furent compliqués. Notre rasta préféré est retourné sur le petit court n°3 où il a subi la loi de Victor Troicki, tout heureux de ne finalement pas croiser la route du taureau de Manacor. Reste qu’il nous aura offert un peu de légèreté dans ce monde de brutes et l’on se dit que les organisateurs des prochains tournois du grand chelem feraient bien de le programmer plus souvent sur un grand court.

Au rayon des déceptions, on notera que Nadal a été éliminé lors des quatre derniers Wimbledon par des joueurs classés hors du top 100. Pourtant vainqueur à deux reprises, il semble aujourd’hui complètement incapable de retrouver ses marques sur gazon. L’espagnol est clairement en train de vivre sa pire saison depuis plus de dix ans et quelque chose est définitivement brisé dans la mécanique. Avant, un rafa moyen trouvait toujours les ressources pour gagner les matchs pièges, aujourd’hui son manque de confiance est criant, son jeu semble inoffensif et, pire, il ne fait plus vraiment peur à personne. Au point de se demander si l’on retrouvera un jour le vrai Rafa. Une autre grosse déception s'appelle Grigor Dimitrov, balayé en trois petits sets par Gasquet au troisième tour. En soi, une défaite contre le français, très à l’aise sur herbe, n’a rien de déshonorant mais c’est la manière qui interpelle…Comme à Roland Garros (battu au premier tour par Sock), aucune révolte n’est venue secouer le demi-finaliste de l’an dernier lorsqu’il s’est retrouvé dos au mur. Il traverse également une année fantomatique et quelque chose me dit que sa situation affective avec une célèbre tsarine n’y est pas totalement étrangère.

Sinon, du côté des favoris, les quatre premiers mondiaux ont vécu une première semaine tranquille, digne d'une petite croisière sur la Tamise. Tout juste une petite alerte pour Roger et Andy avec un set perdu et une petite douleur à l’épaule pour le second, mais rien de vraiment inquiétant à l’heure d’aborder les choses sérieuses. Ils sont clairement au rendez-vous, leur jeu est parfaitement en place et l’on voit mal le titre échapper à l’un d’eux. Petite confidence : l’idée d’une finale 100% suisse ne serait pas pour me déplaire…

Une fois n’est pas coutume, je terminerai par une découverte féminine. J’assume volontiers le côté horriblement misogyne de ce blog et j’admets que regarder un match de tennis féminin me procure généralement autant d’émotions qu’un épisode de Joséphine ange-gardien, mais vendredi, sur un malentendu, je me suis retrouvé téléporté en plein deuxième set d’une rencontre normalement à sens unique : Serena Williams contre une jeune britannique, Heather Watson. Et ô miracle, j’ai vibré ! L’anglaise, en plus d’avoir un physique plus qu’agréable (vous me direz, en face de Serena Williams, même Lindsay Davenport peut paraître aguichante), elle propose un jeu léché, d’une finesse rare et une attitude parfaitement élégante. En gros, tout le contraire de Serena... L’anglaise s’est finalement inclinée au bout du suspense -7-5 dans le troisième set- mais elle a le grand mérite de m'avoir quelque peu réconcilié avec la WTA. Du côté de l’américaine, si l’on peut à nouveau émettre de sérieuses réserves quant à son comportement sur le cours, on ne peut qu’applaudir la domination sans partage dont elle fait preuve depuis plusieurs années. Dans l’espace d’une semaine, il est d’ailleurs très probable qu’elle célèbre un évènement majeur dans l’histoire du tennis : réaliser le Grand Chelem sur deux ans. En effet, une victoire à Wimbledon lui permettra d’être détentrice des quatre titres majeurs simultanément. Un titre à l’US Open lui offrirait en outre le Grand Chelem calendaire, exploit qui n’a plus été réalisé depuis 1988 et le règne absolu de Steffi Graf sur la planète tennis (Grand Chelem + médaille d’or olympique sur la même année!). Allez, Serena, après ça, si tu nous faisais vraiment plaisir et que tu laissais la place aux…femmes!


 
 
 

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