Joueur oublié n°7: Andrew Ilie, l'exhibitionniste fou.
- Bruno Rassenfosse
- 23 juil. 2015
- 2 min de lecture

Année de naissance: 1976
Meilleur classement ATP: 38ème (2000)
Meilleur résultat en Grand-Chelem:
1/8ème de finale à l’Open d’Australie (1999 et 2001)
Nombre de titres ATP: 2
Il y’a mille et une façons de célébrer une victoire. Et autant d’émotions spontanées qui ressortent brutalement d’un corps -libéré instantanément de toute sa pression- ne peuvent que laisser place à certaines scènes surréalistes.
On pense naturellement aux footballeurs, loin d’être les plus avares en matière de chorégraphies inattendues. Mais, comme pour les chasseurs, y’en a des bons…et des mauvais…Des gestes inoubliables, tels celui de Bebeto qui mime le berceau de son nouveau-né après un but en coupe du monde 94 aux Etats-Unis. Certains beaucoup moins glorieux, comme lorsque Karim Benzema nous offre une belle quenelle…ou carrément ignobles quand un joueur grec fête son but avec un salut nazi.
Dans ce registre, n’en déplaise à nos amis du ballon rond, les tennismen peuvent également s’avérer extrêmement talentueux lorsqu’il s’agit d’exprimer leur joie d’une manière plutôt originale. Quelques souvenirs en vrac? Petr Korda, qui après sa victoire à l’Australian Open fait une magnifique roue, avant de laisser ses jambes simuler d’étranges coups de ciseaux; Rodger qui applique un genre de massage vaudou à Stan après leur victoire au J.O; Gustavo Kuerten qui dessine un cœur sur la terre-battue du central de Roland-Garros ; Novak qui broute littéralement le gazon de Wimbledon…les exemples ne manquent pas. Cependant, un joueur plus que les autres aura marqué mon esprit par sa folie post-victoires. Et ce joueur, c’est Andrew Ilie.
Ancien réfugié roumain devenu australien, ce joueur trapu et complètement illuminé n’avait pas trouvé de meilleur moyen d’expression que de déchirer (très) violemment son habit de travail après chaque match important remporté (si vous éprouvez un sentiment de déjà-vu, c’est certainement car notre ami Djoko lui a dernièrement emprunté ce gimmick…). Mais ceux qui connaissent bien le spécimen savent que ce geste spectaculaire n’était jamais qu’une conclusion cohérente au regard du match qui le précédait. C’est simple, ce mec transformait la moindre rencontre moyennement intéressante sur le papier en une baston mémorable (ah sa victoire en 5 sets au troisième tour de l’Australian 2001 contre Ferrero!). Soixante points gagnants…et autant de fautes directes, c’était le genre de stats qui résumaient ses matches. Crochets, uppercuts, directs du gauche comme du droit, il cherchait constamment le K.O. Soyons francs, une telle prise de risque ne payait malheureusement que très rarement -son palmarès plutôt pauvre en témoigne- mais ceux qui comme moi ont eu la chance de le voir à l’œuvre en garde forcément un souvenir impérissable.
Quand on y pense, beaucoup de joueurs formatés s’installent parfois durablement dans le top 20 mais disparaissent presqu’immédiatement de la mémoire collective une fois la raquette rangée. D’autres, en revanche, n’ont pas besoin de ce type de performances sur la durée pour rentrer à jamais dans l’histoire du tennis. Tout simplement car ils y ont ajouté un ingrédient unique et inattendu qui a fait évoluer la recette. Et le point commun entre tous ces météorites dans le cosmos tennistique: un cœur plus gros que le bras.
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