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Finale de Coupe Davis: et si le Royaume uni n'était pas celui qu'on croit?

  • Bruno Rassenfosse
  • 23 nov. 2015
  • 6 min de lecture

Après quelques jours tour à tour paralysants, anxiogènes puis carrément surréalistes (ah ce char sur la Grand Place...), n'avons-nous pas enfin mérité qu'une vie un peu plus 'belge' reprenne son cours? Et simplement de profiter -sans crainte ni arrière-pensée- d'un moment unique dans l’histoire sportive de notre petite et sympathique nation? Mais avant une fête que l'on espère tellement salvatrice, la tension reste palpable, inévitablement. Avec elle, beaucoup de questions…et une certitude: notre pays a plus que jamais besoin d’une sérénité retrouvée mais également d'une unité sans faille pour avoir une chance d'offrir une happy end inespérée à ce dramatique mois de novembre 2015, en décrochant le plus beau trophée tennistique qui soit: le saladier d’argent.

Il est évidemment bien difficile de trouver les points positifs dans une préparation aussi chaotique de l'évènement mais pourtant j'en sauve au moins un: jamais notre devise nationale n'aura semblé aussi vraie que dans ces épreuves si marquantes pour l'ensemble des belges. L'union fait la force. Qui aujourd'hui peut encore douter que wallons, bruxellois et flamands ne font qu'un face à l'adversité et qu'ils seront ce week-end encore plus unis que le royaume de l’autre côté du filet? Ce qui sera d'ailleurs un avantage déterminant car les clés de cette finale sont certainement autant entre les mains du public qu’entre celles des joueurs. Et il faudra bel et bien un exploit des supporters pour changer une issue paraissant inexorable sur le papier: la victoire des britanniques 3 points à 1. Mais surtout, ne nous trompons pas d’objectif et comprenons bien que l'enjeu principal ne sera pas de battre Andy Murray en simple, mais bien de battre les frères Murray en double.

Le vendredi : une formalité.

Une journée sans surprise et deux matches bouclés en trois petits sets, quoi de plus probable? Car en ce premier jour, les numéros 1 rencontrent les numéros 2…et rarement une finale de coupe Davis aura proposé deux premières rencontres aussi déséquilibrées sur le papier. Au point d'affirmer que celui d’entre vous qui prédit une victoire de Darcis (ou de Bemelmans) sur Murray et/ou d’Edmund (ou Ward) face à Goffin me paraît vraiment mûr pour un petit séjour en hôpital psychiatrique. A moins d’une blessure ou d’un forfait de dernière minute, un point partout après les deux premiers simples, c'est plus qu’une évidence.

Mais il y’aura néanmoins dans notre point perdu une petite consolation si la vraie mission de Steve ou de Ruben est accomplie: fatiguer Andy Murray. N’oublions pas que ce dernier sera -sauf énorme surprise- aligné durant les trois jours et que le moindre set supplémentaire à jouer peut se révéler pour lui un vilain fardeau dans sa besace dominicale. Vous me direz que celui qui réussit à épuiser l’écossais le sera lui-même encore plus…c’est vrai. C’est pourquoi il me parait judicieux de préserver Steve pour les deux derniers jours (et surtout pour un éventuel cinquième match) et d’envoyer le première classe Bemelmans au front ce vendredi.

Le samedi : un double, sans conteste le match le plus important de cette finale.

Ah qu’il parait loin le temps où Malisse et Rochus s’imposaient en finale du double à Roland Garros. C’est pourtant bien ce genre de miracle dont nous aurons besoin dans quelques jours. Imaginons un instant un succès des belges lors de ce double : nous menons alors deux points à un et n’avons plus besoin que d’une victoire pour soulever le saladier d’argent. Et -ô cerise sur le gâteau- nous pouvons même nous permettre une deuxième défaite contre Andy Murray en simple. La seule obligation est de battre dans le cinquième match le deuxième joueur britannique, Kyle Edmund ou James Ward.

Mais ne brûlons pas les étapes et revenons tout d’abord à ce fameux samedi. Et commençons par relativiser quelque peu la puissance de feu de la paire adverse, soi-disant injouable. Sur une surface verte, bleue, jaune ou même violette, je veux bien l’entendre; mais sur un terrain de couleur ocre, permettez-moi d’émettre beaucoup plus de réserves. C’est que dans la fratrie Murray, le pilier incontestable du double s’appelle Jamie. Et figurez-vous qu’il aime autant la brique...que les cuisses de grenouille! C’est bien là notre chance et nous devons absolument la saisir. Il nous faut pour cela enfin trouver une équipe de double de référence, ce que nous n’avons pas encore réussi à faire depuis le début de la compétition : trois doubles et trois paires différentes alignées. Côté automatismes, il faudra repasser. Et si Ruben et Steve semblent aujourd’hui les mieux armés pour relever le défi, ils ne nous offrent néanmoins que très peu de garanties dans une rencontre avec autant d’enjeu.

Bref, n’ayons pas peur des mots: le double est notre boulet. Bien dommage que notre conseiller spécialement recruté pour l'occasion, Mika Llodra, ne puisse changer de nationalité le temps d’un week-end…Gageons en tous cas qu’il apportera une approche technique et tactique plus que salutaire à notre duo inexpérimenté et, à nous, l'intime conviction que notre boulet peut couler le navire britannique.

Le dimanche : un exploit de Goffin pas forcément obligatoire…

Bien difficile de parler du dimanche sans connaître le déroulement du samedi mais une chose est certaine : la première rencontre dominicale opposera les deux premiers joueurs de chaque équipe. Autant dire que -sauf forfait ou blessure- Murray et Goffin vont s’affronter lors du quatrième match, le plus attendu du week-end…mais à mon sens vraiment pas le plus important. En effet, si nous avons remporté le double, nous menons deux points à un et David peut aborder cette échéance complètement relâché, quasiment sans pression, car il nous reste alors une énorme cartouche lors du cinquième match, j’y reviendrai. A l’inverse, si nous nous retrouvions menés à l’entame de cette dernière journée, la victoire de Goffin –de très loin la plus exceptionnelle de sa carrière- deviendrait bien sûr obligatoire.

Il y’a un peu moins d’un mois, j’aurais certainement argumenté sur les raisons de croire à cet exploit. La fatigue de Murray, un niveau de jeu exceptionnel du valeureux liégeois, un public déchaîné… un de ces moments surréalistes que seule la Coupe Davis peut nous offrir. Oui mais ça c’était avant que David se prenne une horrible rouste un jeudi matin de début novembre à Paris face à l’écossais. Un seul petit jeu…et des séquelles mentales forcément très handicapantes à l’heure de retrouver son bourreau -à peine quelques jours plus tard. Certains diront que ce n’est pas la même surface, ni le même contexte. D’accord, mais quand un joueur de la trempe d’Andy Murray possède un tel ascendant psychologique sur un adversaire, difficile d’entrevoir le miracle. Et puis ne comptez pas sur un mauvais match du bougre. En grand champion qu’il est, il ne passera pas à côté d’une unique opportunité de gagner la Coupe Davis (sur ce point, la démonstration de Federer face à Gasquet lors de la finale de 2014 est éclairante).

Allô Steve, tu me reçois cinq sur cinq? Car en cas d’égalité après quatre matches, comme c’était le cas en demi-finale, c’est à nouveau à toi que devrait être réservé l’honneur de terminer le travail! Mais contrairement à ta confrontation très incertaine face à l’argentin Delbonis, tu serais cette fois l’immense favori -quelque-soit le joueur en face de toi- de ce duel pour l’histoire. Ce qui pourrait s’avérer finalement plus compliqué à gérer mentalement…Mais entre nous, personne ne doute de ta faculté à être à la hauteur de ce challenge ultime. Alors qui en face de toi? Kyle Edmund ou James Ward? Le premier est certes à l’aise sur terre (en témoigne son récent titre dans un challenger en Argentine) mais, du haut de ses vingt ans, n’a jamais été confronté, de près ou de loin, à ce niveau de pression. Or Dieu sait qu’un cinquième match de coupe Davis ne ressemble à aucun autre et que dans ce genre de situation, l’expérience reste le meilleur atout. De la bouteille, le second en a beaucoup plus. Mais, à l’inverse, notre ami Ward est lui complètement allergique à la terre battue…difficile d'imaginer un soudain coup de foudre pour une surface sur laquelle il vômit à chaque changement de côté. Et malheureusement pour nos amis d’outre-manche, Kyle Ward ou James Edmund n’existent pas.

Le facteur x : le moral des troupes britannique est en berne.

Attention cher lecteur, nous rentrons ici dans une zone (encore) beaucoup plus subjective. Mais comment ne pas aborder un facteur crucial dans l’équation de la bataille : la confiance sportive des forces en présence. D’un côté, la Belgique qui depuis quelques temps ne fait plus de complexe au plus haut niveau: si je vous parle de cyclisme, de foot, de judo ou même d’athlétisme, vous pensez spontanément plus facilement au mot succès qu’au mot échec. Sportivement parlant, nous sommes dans une spirale positive et «les petits belges» sont désormais considérés comme de grands adversaires, respectables et redoutables dans beaucoup de disciplines.

De l’autre côté, les britanniques. Et là, force est de constater que la tendance est beaucoup moins à l’optimisme. D’autant plus lorsque l’on évoque les dernières coupes du monde des sports les plus célèbres créés par nos invités anglo-saxons: le football (élimination en poules au Brésil en juillet 2014) ; le cricket (élimination en poules en Australie en mars 2015) et, plus récemment, le rugby (élimination en poules à domicile en octobre 2015)…autant d’immenses désillusions pour les sujets de Sa Majesté. Mais, dites-moi, le tennis ne serait-il pas également présent dans ce gotha des sports les plus populaires inventé Outre-Manche? Et la Coupe Davis ne représente-t-elle pas l’équivalent de la Coupe du Monde de tennis? Elementary my dear Watson…


 
 
 

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